samedi 23 juillet 2016

Que faire si j'ai envie d'aller plus loin avec quelqu'un ? Mode d'emploi du non agresseur - 1

Ce chaton mignon peut devenir un prédateur


Comment agir si une personne vous attire et que vous souhaitez ses faveurs ? Ne comptez pas sur moi pour vous fournir des conseils de drague clé en main, déjà parce qu'il n'y a pas de recette miracle, ensuite et surtout parce que je n'ai pas la prétention de savoir ce que veulent les femmes, hommes, non binaires et ornithorynques. J'ai bien assez à faire avec mes propres désirs et envies.

En revanche, ce que je peux faire pour vous, c'est vous indiquer quelques règles importantes que vous devez impérativement suivre pour ne pas faire de votre demande (et de ses suites éventuelles) une oppression, voire une agression. Ces points ne sont en aucun cas négociables, pour le bien de tout le monde. Mieux vaut une déception ou une frustration qu'un drame.


I Règle d'or de la relation sexuelle : chercher le consentement explicite de l'autre.

La première des règles quand on a envie de partager une activité avec quelqu'un, c'est de s'assurer que ladite activité le tente, au moment où on veut la pratiquer. Logique ? Eh bien, visiblement, il y a des gens qui estiment que ça ne s'applique pas au sexe. Pourtant, ce domaine en particulier mériterait une attention particulière : on y partage l'intime et la gestion de risques non négligeables (grossesse, MST, IST...)

Se contenter d'un mouais, prendre un baiser léger comme un oui enthousiaste, sont des pièges facilement évitables si on s'en donne la peine. Je ne vous dis pas de signer un contrat en trois exemplaires en vue de pratiquer un coït, mais d'être attentif à ce que veut l'autre, et en cas de doute, de demander confirmation que tout est ok. Un geste de recul, même esquissé, doit vous alerter. Ça vous paraît barbant ? Pas de chance, je ne vais pas vous lâcher sur ce terrain : le respect et l'observation sont la base du sexe.


II On ne met pas la pression à l'autre pour obtenir ce qu'on veut, de quelconque façon que ce soit.

La personne que vous désirez semble mitigée ou hésitante ? Pas de chance, mais rien ne sert d'insister en évoquant vos propres envies ou « besoins1 ». C'est une autre façon, guère plus subtile, de nier que les désirs de la personne en face comptent autant que les vôtres. Personne n'est responsable de vos frustrations, et n'a à les gérer. Et obtenir une coucherie à force de demandes n'est pas une victoire, mais une défaite de votre partenaire par forfait.

Aucune justification ne tient : si on vous dit non, soyez gentil, considérez qu'il est inutile de retenter votre chance avant un moment, ou de la retenter tout court si on vous a opposé un refus définitif.

III La protection intime et la contraception s'envisagent entre tous les partenaires d'une relation sexuelle.

Vous vous imaginiez qu'avoir un préservatif dans votre poche suffisait à éteindre toute interrogation à e sujet, ou pire, vous laissiez l'entière gestion de ces questions à votre ou vos partenaires ? Raté ! Je sais qu'il est facile de se laisser emporter par l'ivresse d'une coucherie potentielle, mais les éventuelles conséquences d'un laisser-aller peuvent être au mieux très désagréables, au pire dramatiques.

Le confort et les spécificités de chacun est à prendre en compte. Un préservatif, masculin ou féminin peut être mal toléré par certain-es, pour d'autres la pilule contraceptive est tout simplement inadaptée... Bref, prenez le temps de discuter de tout ça afin de passer du bon temps en toute sécurité.


IV Si une pratique ou un geste déplaisent, quelles qu'ils soient, on ne l'impose pas.

J'ai l'air de vous décortiquer toutes les variantes de la première règle, pas vrai ? C'est un peu fait pour : je tiens à insister sur le fait qu'il n'y a aucune dérogation au principe de base « si gêne ou refus, on ne fait pas...

Ce qui peut paraître anodin pour quelqu'un ne le sera pas forcément pour un autre. On peut proposer des découvertes, des sensations, mais on doit se plier aux réticences de la ou du partenaire. Et même un simple effleurement peut gêner, ce n'est pas à vous de décider de l'importance à placer derrière un geste.

Par ailleurs, même si la coucherie est entamée, rien n'engage qui que ce soit à aller jusqu'au bout s'il ne se sent finalement pas à l'aise. On ne vous doit rien en la matière, rien, jamais. Même au sein d'un couple.


Ce court article est le premier d'une série parallèle à celle sur les aidants. J'étayerai davantage les suivants, promis !


1En passant, si vous ressentez un tel besoin urgent et irrépressible de sexe, outre la masturbation, qui peut vous soulager, je vous engage à envisager de consulter. Ce n'est pas une honte d'avoir des pulsions sexuelles dures à gérer, mais ce n'est pas à d'autres d'en faire les frais.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire